Jeune, l’être humain est obnubilé par son propre épanouissement, par le recul des frontières : bébé, son champ d’activités s’étend du lit à barreau aux cloisons de sa chambre, puis à toute la maison, au jardin ; bientôt un homme, à la ville, au pays, au monde. A l’âge mûr vient le temps de rêver encore plus grand. En vieillissant survient le clivage. A force de manifester sa puissance, la jeunesse se fatigue. Une nuit, un matin, l’homme franchit la ligne de démarcation, atteint son sommet, esquisse le premier pas vers la descente. Survient la question : faut-il descendre fièrement, défier le crépuscule, ou bien tourner son visage vers le passé, s’efforcer de sauver les apparences, prétendre que cette pénombre résulte simplement du fait qu’on a provisoirement éteint la lumière de la chambre ?